L’hyperthyroïdie peut bousculer le corps et l’esprit. Quand la thyroïde s’emballe, le rythme cardiaque s’accélère, le sommeil se dérègle, l’anxiété s’invite. Ce déséquilibre hormonal influence aussi l’humeur et la cognition, parfois de façon intense. Comprendre ce lien aide à mieux se soigner et à retrouver un quotidien plus serein.
💡 À retenir
- Environ 20% des patients souffrant d’hyperthyroïdie présentent des troubles psychiatriques
- Les symptômes peuvent inclure anxiété, dépression, et troubles de l’humeur
- Les traitements de l’hyperthyroïdie peuvent améliorer les symptômes psychiatriques
Qu’est-ce que l’hyperthyroïdie ?
La thyroïde, petite glande située à la base du cou, fabrique des hormones qui régulent le métabolisme, l’énergie, le rythme cardiaque et même la température corporelle. Quand elle produit trop d’hormones, le corps tourne en surrégime. On parle alors de thyrotoxicose, état responsable de palpitations, perte de poids, nervosité et intolérance à la chaleur.
Les hormones impliquées sont principalement la T3 et la T4. Une augmentation excessive entraîne une cascade d’effets sur les organes, mais aussi sur le cerveau. C’est pourquoi une personne peut, en peu de temps, se sentir “tout le temps sur les nerfs”, dormir mal et avoir du mal à se concentrer.
Définition et causes
Plusieurs causes expliquent l’hyperactivité de la thyroïde. La plus fréquente est la maladie auto-immune dite maladie de Basedow (Graves), où le système immunitaire stimule la glande en continu. D’autres situations existent, comme le goitre multinodulaire toxique, les nodules toxiques, certaines thyroïdites transitoires, une prise de médicaments contenant de l’iode ou des hormones thyroïdiennes à des doses trop élevées.
Exemple concret. “Je perdais du poids en mangeant comme d’habitude, mon cœur s’emballait et je devenais irritable sans raison”, raconte Claire, 34 ans. “Je pensais au stress du travail, jusqu’au jour où mon médecin a demandé un bilan sanguin.” Son hyperthyroïdie a été confirmée et traitée, avec une amélioration progressive de ses symptômes physiques et émotionnels.
Lien entre hyperthyroïdie et troubles psychiatriques

Le cerveau est très sensible aux variations hormonales. Un excès d’hormones thyroïdiennes amplifie la réponse aux catécholamines (adrénaline et noradrénaline), ce qui favorise l’anxiété, l’agitation et les attaques de panique. Le sommeil se fragmente, l’attention chute, et l’irritabilité augmente. Certains patients se sentent “comme en accéléré”, d’autres décrivent une fatigue écrasante avec une humeur en dents de scie.
Des mécanismes auto-immuns et inflammatoires seraient aussi impliqués, tout comme un déséquilibre des systèmes de neurotransmission (sérotonine, dopamine, GABA). Le dialogue entre le cerveau et la thyroïde, via l’axe hypothalamo-hypophyso-thyroïdien, explique en partie pourquoi le mental change quand la thyroïde déraille. On estime qu’environ 20% des personnes concernées présentent des troubles psychiatriques identifiables, du léger au sévère.
Troubles de l’humeur
Les variations d’humeur sont fréquentes. Chez certains, l’humeur s’élève avec une énergie débordante, une sociabilité inhabituelle et une diminution du besoin de sommeil, tableau qui peut mimer un épisode hypomaniaque. Chez d’autres, une anxiété diffuse s’ancre, avec ruminations et sensations de “cœur qui cogne” au moindre stress.
“Je vois des patients qui arrivent persuadés de faire un burn-out, alors que le trouble hormonal explique une bonne part des symptômes”, observe le Dr Martin, psychiatre. “Le traitement thyroïdien apaise souvent l’anxiété et stabilise l’humeur, ce qui permet un travail psychothérapeutique plus efficace.”
Autres troubles psychiatriques
Outre les troubles de l’humeur, certains présentent des attaques de panique, des troubles obsessionnels exacerbés, une irritabilité explosive ou, plus rarement, des épisodes confusionnels chez les personnes âgées. Des symptômes dépressifs peuvent s’installer, surtout quand la fatigue persiste ou que le sommeil est durablement altéré. Chez quelques patients, des idées noires surgissent, ce qui nécessite une évaluation rapide et un accompagnement adapté.
Symptômes associés
L’hyperthyroïdie touche à la fois le corps et l’esprit. Sur le plan corporel, on retrouve souvent une perte de poids malgré un appétit normal ou augmenté, une tachycardie, des tremblements fins des mains, une intolérance à la chaleur et des sueurs. Les muscles peuvent se fatiguer vite et la peau devient parfois plus chaude et humide.
Sur le plan psychique, les signaux les plus fréquents sont l’anxiété, l’agitation, la nervosité, l’irritabilité et des troubles du sommeil avec réveils nocturnes. La concentration baisse, la mémoire de travail flanche, ce qui complique la gestion des tâches quotidiennes et alimente le sentiment de débordement.
Conseils pratiques pour traverser cette période tant que le traitement se met en place :
- Réduire café, boissons énergisantes et nicotine, qui potentialisent palpitations et anxiété.
- Mettre en place une routine de sommeil stable avec lever/coucher réguliers et chambre fraîche.
- Pratiquer chaque jour 5 minutes de respiration lente (inspiration par le nez 4 secondes, expiration 6 secondes).
- Tenir un carnet des symptômes pour repérer les déclencheurs et suivre l’évolution.
- Prévenir un proche ou un collègue de confiance pour être soutenu lors des pics d’angoisse.
Exemple réel. “Je me réveillais trempé de sueur, le cœur à 120, persuadé de faire un malaise”, confie Yanis, 41 ans. “Savoir que c’était lié à ma thyroïde m’a rassuré. Les techniques de respiration m’ont aidé jusqu’à ce que le traitement fasse effet.”
Diagnostic et traitements
Face à des symptômes physiques et émotionnels mêlés, un bilan sanguin simple permet souvent d’y voir clair. Le dosage montre généralement une TSH très basse avec des taux de T4 libre et parfois de T3 libre élevés. Ce point d’étape est essentiel pour distinguer un trouble anxieux primaire d’une cause hormonale et orienter le traitement.
Le diagnostic complet explore l’origine du dérèglement et ses répercussions. Une prise en charge coordonnée entre médecin traitant, endocrinologue et, si besoin, psychiatre ou psychologue, offre les meilleures chances d’amélioration simultanée des symptômes somatiques et psychiques.